ODE A UNE LARME
I
Ici
Dans mon cœur en lambeaux,
déchiquetés lacérés ulcérés
rageurs
batailleurs
Ici
les fils du coeur,
tranchés
tordus
emmêlés
enterrés
à vif
niés
bouleversés
Ici toutes les morsures
les blessures
les déchirures
Ici tout ce qui n'a pas pu grandir,
toute cette chape de silence,
tout ce retrait dans la mort
tout ça demande à vivre
Une nouvelle chance de renouer,
tout au fond de moi,
le coeur à l’amour,
le geste à la tendresse,
le corps à la caresse
Qui me relie à l’autre,
ose même le concevoir,
ose même l'approcher
lui parler
Lui dire l'amour
Qui ne l'a jamais quitté là tout au fond
ce sang qui n'en fini pas de couler
ce cœur qui refuse de céder
Et même si on hurlait que c'était pas possible,
qu'elle en voulait pas d'ton amour
de ta main tendue, de ton regard qui supplie
et bien si elle en veut
on va dire qu'elle en veut
et on va lui faire un bouquet
de toutes mes joies
de toutes mes peines
on va lui murmurer à l'oreille
comme un parfum
toi , maman
ma joie
ma vie
comme si tu m'avais perdu et que t'avais eu peur ,
allez on va effacer ,
gommer les naufrages de nos pleurs
Et pis tiens
j'veux que tout le monde soit là
les amis
les femmes plus belles les une que les autres
les enfants ,qu'ils courent et s'amusent dans la maison
qu'ils renversent tout ,
qu'ils osent ouvrir leur coeur
et nous le montrer grand ouvert
à nous , les grands ,
qui avons décidés que c'était possible d'aimer
de se retrouver
de danser la farandole de la vie
de se dire des mots de douceur
les uns contre les autres
dans un grand baiser perdu
Mais attention ne rêvez pas
y a conseil de guerre a coté
les grandes idées, les grands élans, la compassion
pour les grandes souffrances sont toujours là
Mais c’est juste à coté
avec tous mes amis, mes compagnons d'infortune , les éclopés de toujours
Attention
j'écris toujours dans la souffrance
la rage de changer les choses
mais c'est juste à coté,
là on veut juste s'ébattre
dans l'eau du lien renoué
II
Tu sais ...
J’ai voulu imaginer
j ai voulu représenter
délivrer l'image de ce manque qui me hante
j'ai voulu invoquer des profondeurs de l'absence
j'ai voulu rejouer le rôle de l'homme sur la terre
j’ai voulu contourner la non identité et le rejet
m'appeler de mille noms en écho
et plonger à corps perdu
J’ai voulu devenir un autre
acquérir une autre langue que la mienne
connaître toutes les cultures
tous les noms de l'homme
j'ai voulu être le frère de tous ceux qui souffrent
serrer la main de tous ceux qui luttent
Et reconstruire ce lien perdu
J’ai voulu te rayer
j ai voulu te nier
j'ai voulu croire que tu n'existais pas
et recommencer dans mon continent neuf
J’ai voulu fuir ma colère
j'ai voulu me protéger de mon amour
qui m'envahit à me détruire
j'ai voulu t'atteindre dans mon corps
Toi
J’ai ciselé une parole qui te dise
esquissé une caresse qui console
j'ai voulu être tous les hommes en un seul
sans jamais m'atteindre
sans jamais avancer d'un pas vers toi
sans jamais rencontrer le regard compatissant
j’ai voulu me guérir de ce qui m'absente
Mais on ne peut atteindre que le vide
de ce puit de solitude où je gis
le lien brisé ne peut se renouer
que si tu es la
toi
en face de moi
là
que si je vois ton visage
là
Que je touche ta peau
que je ride l'onde de tes yeux
que je serre ta chair qui est ma chair
que je te nomme du seul nom que tu ais
que je déverse mon amour endeuillé
par toutes les ténèbres dont tu t'es parée
III
Chaque étape
entrouvre les mots de la parole retrouvée
chaque image
trouve son écho dans la voix
cette trace de l'homme
qui se rejoint au coeur de lui-même
cette odyssée au fil de l'eau
retisse en toi les fils éparts des liens disjoints
Je ne peux te rejoindre
par une allusion
un mythe
au sacrifice de ma vie
à ton reflet qui fuit
Toi
ma mère
mon sang
mon souffle
Nulle étreinte ne compensera
ce vide
cette absence
qui repousse toute autre vie
Il me faut te rejoindre
dans ton sourire sans fin
et me résoudre
à trancher ce noeud de silence.
IV
Non non
je vais pas me mettre à pleurer
à geindre
à supplier
à me traîner comme un vers
à secouer les trognes comme un chiffon
Qu’est ce que ça va changer de dire
si tu savais ce grand vide qui me déchire ,
si tu savais ce trou qui m'aspire
Mais cette vie que tu m'as donné
j'ai envie d'y goutter
Si tu veux qu'on en parle
alors je te traque
Et on s'assoit en face
et on plonge les yeux dans les yeux
et on se dit tout ...
tout de l'avant et de l’absence,
et du néant de ce que nous sommes
toi pour moi et moi pour toi
et du trop plein du cri qui me bascule
de toute cette sève qui me brouillonne
de tout l'inaccompli qui m'enrage
Et de toi,
cette autre rive que je ne connais pas
de ces gestes orphelins que je reconnaîtrais,
de cette odeur
de cette musique qui m'attache à toi
Mais je m'enlise dans ton écart,
je sens la vie qui s'épuise et qui s'en va
j’ai cette salsa en moi
ce piment, ces madras
cette vie safran qui m'enivre
ces pas de danse vaudou qui m'endiablent
Quelqu’une m'a fait comprendre qu'il faut vivre droit devant
se consoler en souriant à celle qui m'attend là-bas
droit devant
quelque part au delà du vent de ton silence
Alors je pars secouer la tristesse,
je parts recommencer le jeu de la vie
Là-bas droit devant
V
Toi
toi
toi
Mais c'est un sourire dans un mot
un fourmillement dans un rire
qui roule
qui court
et je me reconnais là
et c'est cette force qui me traverse
c 'est ce réveil que tu me donnes
quand je te sens la
et que je me retrouve plus fort
avec cette envie qui me soulève le corps ,
cette vibration de me laisser glisser vers toi
au printemps vif
au tout de mes possibles
et c'est ce que tu me donnes
et c'est ce que je sens
et c'est ce que je prends
eh toi l'absente !
voilée sous les contours
sous les flous des couleurs
sous les creux de mes mots
ton visage n'en fini pas d'être présent
mais c'est le paradoxe de ton geste
de m'offrir ce cadeau de la vie
et de me retirer l'envie d'y goûter
par la déchirure de ton départ
mais la vie est bien là
intacte
même s'il faut la réveiller à chaque fois
et chanter à nouveau le lever du soleil
et toi celle qui m'a aimé
aux barbelées du sacrifice
à l'offrande d'une vie
à ce cocon du réconfort
toi qui m'a bercé au bord du vertige
élevé des murs contre le silence
pour me protéger de l'autre
laisse moi maintenant être celui que je cherche
sans la peur de plonger les racines
au fond de ce qui m'anime
au bout de mon abîme
coupé en deux
la tête flottant au dessus de mon corps
je veux retrouver la force de regarder en devant
éveiller ce qui me respire
me mettre à marcher vers ce qui m'aspire
m'attire comme un aimant ,
d'un coup prendre mon élan ...et sortir de l'enfance.
VI
mais ce sourire dans ce mot m'égratigne ,
fait vaciller les barrières que j'avais dressé
pour me protéger de la trahison
de l'échec
de la brisure
et je tremble de la menace
je regarde au loin
vers l'ailleurs
au loin
au fin fond d'une toile peinte
des couleurs
qui pourrait suffire à m'apaiser
je veux m'élancer vers le danger de la caresse
plonger dans la morsure sans retour
du baiser de ton regard
m'évanouir
dans la confiance
de tes bras qui m'enroulent
et puis m'abandonner
tout savoir de toi
et tout lâcher de mes peurs
de mes pleurs contenus
de cette émotion folle qui m'éclate le cœur
puis tout d'un coup tout vole en morceau
comme une explosion
qui efface
qui tord tout dans le rouge de l'émotion
et le coeur se met a saigner
à la merci du moindre embrasement
de l'infime brindille de douceur
alors je retrouve tous mes rêves
enfouis dans la peur
je retrouve ce que j 'ai toujours voulu partager
que j'avais jeté au loin sans oser m'approcher
et tout cela gonfle comme un ouragan
que contient ma poitrine
trop fort pour le dire
pas même le cacher
à peine le rêver
parce que tout se résume en un énorme sanglot
tsunami de l'âme
en un grand sourire rouge et bleu
simplement te prendre la main
ressentir toute la douceur
qui passe de ma peau à la tienne
et garder le frisson
comme un trésor .
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