
c'est à un jeu sur les mots , les langues , les sons , tels qu'ils vivent dans le corps de celui qui est traversé de ses multiples influences , qui est en voyage dans tous les tenants et aboutissants de sa vie , de ses frères , de l'humanité , de ces relations qu'inspirent les mots d'ailleurs si proches de son coeur , intime au plus profond de cette généalogie cachée , qui nous fait tourner en boucle et découvrir ce qu'il y a en nous de vibrant dans tous ce qui nous traverse , dans toutes les pluies et les soleils du monde , ( car se découvrir c'est aussi découvrir le monde , se tisser de rencontres , faire l'expérience du divers , être là à l'orée de l'autre et ... , n'est ce pas m. Glissant -tout-monde)
mais Ntozake Shange , chantre de la fierté d'être noire , au féminin , aussi , qui me ramène à une de mes autres auteure-amour , noire elle aussi , Zora Neale Hurston , s'inscrit dans une réelle généalogie , diasporée , qui la ramène dans un effort de revenir à sa source à un nom zulu : Ntozake : 'celle qui arrive avec ce qu'elle a' ( en elle, ce qui lui appartient .....) Shange : 'celle qui marche avec les lions ', à ces deux noms elle commente ntozake : je suis préparée , je me suffit à moi même , indépendante , shange : j'ai un grand courage , force , sagesse ,
elle rappelle cette grande fierté des ancètres , rois , guerriers , nobles , connaisseurs qu'étaient ceux avant d'être esclaves , elle traque les sources , décrit la vie de la diaspora noire partout où elle se trouve ( usa antilles amérique latine afrique ) , sans misérabilisme , sans utopie ni délire , elle affirme 'haut et fort' ce qu' être noir veut dire dans les recoins de l'être , dans la réalité du jour , dans l'imaginaire , dans l'ailleurs de cet autrement , c'est donc une réflexion sur l'identité et c'est l'affirmation que la poésie est peut être ce lieu là qui rend possible cette crysalide-tissage de l'être , ce en quoi elle me rappelle aussi cette autre grande dame , Abbey Lincoln , chanteuse , poéte , peintre , vivante , chercheuse , dont le chant l'acte artistique rejoint l'être au plus profond de soi ( voire ma note sur ma peinture oû il est question de chant profond , de 'cante jondo' ,
Ntozake Shange , universitaire en lettres anglaise et études noire , s'est trouvée sur la scène californienne des années 70's dans un groupe de danseur qui cherchaient les racines de l'afrique dans une dance afro-américaine , c'est en dansant , en faisant l'expérience de son corps par la danse que lui sont venus les mots , qu'elle a commencé à scander une parole qui lui venait de son corps ,
processus passionnant de recherche identitaire personelle , la découverte et reconnaissance du corps dansant , prélude à un surgissement de la parole qui devient poésie et qu'elle va traquer dans ses moindres recoins , dans le monde tel qu'il est , tel qu'elle le voit , et tel qu'elle le sent à l'intérieur d'elle , une quète d'affirmation poétique , au sens le plus fort , le plus vital du mot ( voire son intro de "for colored girls who...)
j'aime ce poème que reprend en improvisation la grande chanteuse jeanne lee ,
je l'aime parce qu'il se moque des frontières des mots , du sens enclos de la langue , il se soumet au plaisir d'exister dans un plaisir sensuel et réel des sons , des mots , mots-gestes , mots-paysages , mots-être qui touchent dans ce qui relie au plus profond de soi les parties qui nous constituent , qui nous touchent et sont une farandole de la joie d'exister ,
ajouter à cela la profondeur à fleur de peau de la voix aventureuse , ancrée et en avant d'elle même de J . Lee , le sens de la musique elle aussi libre et qui pour elle aussi est danse et on tourbillone alors dans une pure joie d'exister dans un mouvement insondable mais essentiel . comme une ode à la femme , à toutes les femmes , à toutes les façon d'être femme , à la mère etc... mais c'est à l'humanité entière , à la virilité que convie la femme au monde entier dans son principe , car un principe en appelle l' autre et tant pis pour ceux qui ne le comprennent pas , de quelque bord soient , qui continue l'ignorance , la violence et le cloisonement de la vie
le titre est ambrosia mama , il est bien sur hors de question de traduire ces mots qui existent dans leur langue , dans leur musique inaliénable , qui sont comme un voyage ou les paysages sont stèles chinoise , mangrove , boccages , savannes , baobab , pain de sucre , rivières en saules pleureurs , vous voudriez les traduire , mais ils sont intraduisibles , sauf à vous les approprier , à leur faire violence ou à vous abstraire d'eux , les intérioriser , en faire votre chose , Ségalen nous dirait que notre simple présence transforme le paysage , mais la vie est mouvement et imprégnation , relation , vous en ressortez plus riche d'avoir rencontré traversé regardé entendu , en partage ( loin d'une colonisation de l'esprit)
alors écoutez : ( ce que je ne peux vous faire écoutez car le morceau est trop long et c'est bien domage ...)
ambrosia mama lilac lalique mami honeysuckle nana heather m'dere
jardin madrina bougainvilea mami
mariposa mai magnolia
nani nani
lili lily lili lele loose tigre lele
agua lillie colline lili
corcovado fille
to-ca-me to-ca-me
to-ca-me to-ca-me
to-ca-me
minha mere minha mai
mama ouverte my mami
minha mere minha mai
mama ouverte mi tierra
alma sin sangrema la lila
muito lily
et toda lille
et toute la terre minha mai
ma vie lillie
ne quitte pas ici
lili lillie ne quitte pas ici
si lilliane oui sim ma vie
minha mai lillie
liliane liliane liliane
liliane liliane liliane
( ntozake shange , poète noire américaine )
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